Après son retour en Angleterre, Sangharakshita n'oublia pas ses amis en Inde et garda le contact avec eux. À la fin des années 1970, certains de ses disciples membres de l'Ordre Bouddhiste Occidental allèrent en Inde pour y travailler avec leurs frères et sœurs bouddhistes, enseignant le Dharma, et animant des classes de méditation et des retraites. Plus tard encore certains de ces ex-intouchables devinrent membres de l'Ordre Bouddhiste Occidental. Le mot « occidental » n'étant évidemment pas adapté à leur situation, l'AOBO s'est appelé en Inde le Trailokya Bauddha Mahasangha Sayahaka Gana (TBMSG). C'est notamment pour cette raison que la décision a été prise en 2010 de donner à l'Ordre et au mouvement de nouveaux noms qui restent inchangés quelle que soit la situation géographique : l'Ordre bouddhiste Triratna et la Communauté bouddhiste Triratna.
Le mouvement commença à grandir. Il peut être difficile pour des Occidentaux de comprendre le courage qu'il fallut à la première génération de membres de l'Ordre indiens pour abandonner leur travail « conventionnel » afin de travailler pour le mouvement. Dans une culture où n'existe pas la sécurité sociale à laquelle la plupart des Occidentaux sont habitués, délaisser un travail sûr afin de travailler pour une organisation dalit nouvelle et inconnue était un grand risque (« dalit », ou opprimé, est le nom que se donnent en général aujourd'hui les ex-intouchables).
Les premiers membres de l'OBO partis en Inde, Lokamitra en tête, virent de façon claire dès leur arrivée qu'il ne suffisait pas d'enseigner le Dharma ; il fallait aussi créer les conditions d'une vie humaine décente pour les gens. Un certain nombre de membres de l'Ordre les rejoignirent donc : Virabhadra (un médecin), Padmasuri (une infirmière) et Vajraketu (qui aida à mettre en place des structures organisationnelles et administratives) commencèrent à travailler dans les bidonvilles de Dapodi, à Puna, apportant une aide médicale de base et des conseils nutritionnels. L'aile sociale du TBMSG, connue sous le nom de Bahujan Hitay (« Pour le bien-être de ceux qui sont nombreux ») prenait la route.
Tout ce travail de construction de lieux destinés à la pratique bouddhique et à l'action sociale nécessitait de l'argent, chose rare chez les nouveaux bouddhistes en Inde. En 1985, Lokamitra alla à Taiwan et y rencontra un vieil ami de Sangharakshita. Dr Yo fut très bienveillant, et organisa des dizaines de réunions avec des bouddhistes taïwanais, qui furent très heureux de donner de l'argent au mouvement bouddhiste indien. Cette source de récolte de fonds s'est étendue à la Malaisie, à la Corée, au Japon, à la Thaïlande, aux USA et même à la communauté tibétaine en Inde - qui, le Dalaï-Lama en tête, reconnaît de plus en plus le travail de Triratna en Inde.
L'autre source majeure de financement est une association caritative britannique, aujourd'hui nommée Karuna Trust et qui, à la demande de Lokamitra, fut fondée en Grande-Bretagne un an ou deux après son installation en Inde. Le Karuna Trust est une des grandes réussites de la Communauté bouddhiste Triratna. Selon le commentateur bouddhiste Stephen Batchelor, écrivant en 1994 : « En simples termes de nombre de personnes touchées, le plus grand projet d'action sociale entrepris par des bouddhistes en Europe est celui du Karuna Trust. » (En 1994, le Karuna Trust a envoyé pour ses divers projets £600.000 en Inde ; en 2020 ce montant s'est élevé à plus de £1.400.000, soit plus de 1.630.000€, ceci sans compter les contributions des associations sœurs créées depuis, Karuna Deutschland en Allemagne, Colecta Karuna au Mexique, et Karuna USA aux États-Unis).
Il n'est pas possible de faire justice en quelques lignes au travail effectué en Inde : les projets et bâtiments dédiés à la santé et à l'éducation ; les projets dédies aux femmes et faits par des femmes ; les voyages d'enseignements de ville à ville et de village à village, qui à leur tour ont semé les graines de nouveaux centres ; les centres de retraites ; les tentatives de sortir des limites du TBMSG originel et de créer des liens avec d'autres hors-castes et avec des personnes de caste (il y a notamment aujourd'hui des membres de l'Ordre venant de diverses castes, dont la caste considérée comme la plus élevée, celle des brahmanes) ; et l'établissement de processus de formation pour que des hommes et des femmes puissent aller en refuge et être ordonnés dans l'Ordre.
L'Inde est le pays dans lequel la Communauté Triratna est en contact avec le plus grand nombre de gens, et où elle a le plus grand potentiel de toucher la vie de beaucoup d'autres. Aujourd'hui, environ un tiers des 2.500 membres de l'Ordre bouddhiste Triratna sont en Inde, et il y a des milliers de gens qui profitent des activités de la Communauté bouddhiste Triratna et des associations caritatives dirigées par ses membres, qui travaillent avec les ex-intouchables sur les plans sociaux, éducatifs et de la santé.