Secundo, la méditation : ce mot est utilisé de multiples façons. Presque mal utilisé, du reste... En ce qui nous concerne, il a trois sens, et ces trois sens correspondent aux trois niveaux successivement plus élevés de l'expérience spirituelle.
Le premier sens de la méditation est celui de la concentration de l'esprit. C'est le sens le plus élémentaire. La concentration, c'est-à-dire le retrait de l'attention du monde extérieur. Vous ne voyez plus rien, vos yeux sont fermés ; n'entendez plus rien, et ne ressentez plus même le coussin de méditation sur lequel vous êtes assis. Votre attention est retirée des cinq sens et des objets sensoriels correspondants. Votre attention est centrée vers l'intérieur, et toutes les énergies, toutes vos énergies psychophysiques, sont centrées vers l'intérieur ; non seulement centrées mais aussi unifiées, rassemblées, réunies, et ne sont plus dispersées ou éparpillées, mais sont toutes centrées sur un point, vibrant sur ce point, si vous voulez. Ce niveau est celui de la concentration, c'est le premier niveau de la « méditation ».
Les énergies étant rassemblées et centrées sur un seul point, elles commencent à s'élever : il y a une élévation graduelle de tout le niveau de conscience, de tout le niveau d'être. Nous sommes transporté, extrait de notre corps physique ordinaire, loin de l'univers physique ordinaire et matériel que nous connaissons. Nous nous élevons dans notre propre expérience intérieure vers des états de plus en plus élevés de ce que l'on nomme supra-conscience, lorsque le monde devient de plus en plus distant, lorsque l'on devient de plus en plus concentré, paisible et heureux, lorsque même les activités mentales s'évanouissent et qu'il ne reste qu'un grand silence à l'intérieur duquel on commence à voir avec la vision intérieure et à entendre avec l'ouïe intérieure. Ces quatre grandes étapes de super-conscience s'appellent, dans le bouddhisme, les quatre dhyanas. Voilà donc la méditation : l'étape intermédiaire, l'élévation des énergies vers des niveaux toujours plus élevés de conscience et d'être. Ainsi vivons-nous dans un monde différent, nous sommes une personne différente, un nouvel individu en quelque sorte.
Troisièmement, vient le sens le plus élevé du mot « méditation » : la méditation dans son sens de contemplation. Notre esprit est concentré, les énergies sont unifiées et se sont élevées de plus en plus haut dans l'échelle de la conscience. Ensuite, nous tournons tout notre être dans la direction de l'absolu, de l'ultime, de l'inconditionné, de la réalité. On voit la réalité fugitivement, on la saisit fugacement. On bouge vers la réalité, on gravite autour, on commence à la sentir. Ceci est le niveau de la contemplation, dans lequel le niveau élevé de la conscience rentre en contact avec l'ultime, avec les profondeurs et les hauteurs de l'existence et de l'être et de la conscience.
La méditation en tant que deuxième étape importante de la vie spirituelle consiste en ce que nous avons appelé la concentration et la méditation à proprement parler ; elle n'inclut pas la contemplation, qui appartient à la troisième grande étape de la voie : l'étape de la sagesse.
La méditation est donc l'étape intermédiaire de la voie spirituelle. Elle est précédée par l'étape de la moralité, et suivie par celle de la sagesse.
‘The Higher Evolution’ © Sangharakshita, 1969, traduction © Centre Bouddhiste Triratna, 2002.