Pour décrire ce genre d'état, cet état de conscience supérieure dans la méditation, il y a un terme très employé dans le bouddhisme : c'est le mot « dhyâna », l'état de dhyâna (dhyâna en sanskrit, jhâna en pâli). Dhyâna est parfois traduit par « état superconscient », c'est-à-dire état de conscience intensifiée en même temps que de concentration, et état d'énergie et de joie plus intenses.
Il y a plus d'un dhyâna ou état superconscient accessible à l'homme. Il y en a toute une série, et dans la tradition bouddhique on parle souvent des quatre dhyânas ou quatre états ou niveaux de superconscience successivement plus élevés. Dans la tradition bouddhique, ils sont décrits de deux manières différentes.
Premièrement, ils sont décrits de manière psychologique, selon les facteurs mentaux ou psychiques qui les constituent. On dit par exemple que dans le premier dhyâna il y a une activité mentale subtile, et il y a concentration, bonheur et joie. C'est l'expérience du premier dhyâna, du premier des états méditatifs superconscients. Le second dhyâna représente une sorte de simplification. La pensée discursive s'atténue et il ne reste que concentration, bonheur et joie. Lorsqu'on atteint le troisième, il y a encore une simplification : il ne reste que concentration et bonheur. Et dans le quatrième état de dhyâna le bonheur, qui est une expérience comparativement grossière, cède la place à l'équanimité, ce qui donne simplement concentration et équanimité. Ce genre de description psychologique donne une assez bonne idée de ce que sont les dhyânas, mais ne décrit peut-être pas très bien ce que c'est que d'en faire l'expérience.
La tradition bouddhique nous offre donc une autre manière de décrire les quatre dhyânas, à l'aide de métaphores et de comparaisons. Le premier dhyâna, ou plutôt l'expérience du premier dhyâna, est décrit comme étant semblable à l'action de mélanger de la poudre de savon avec de l'eau. On pourrait croire que ceci est une comparaison moderne, mais elle est en fait très ancienne et date de l'époque du Bouddha. C'est comme si, prenant de la poudre de savon et de l'eau, on mélangeait les deux jusqu'à ce que chaque particule de savon soit saturée d'eau et qu'il ne reste pas une goutte d'eau, de sorte que l'on obtienne une boule de poudre de savon complètement saturée d'eau, sans eau restant à côté. Le premier dhyâna est semblable à cela. C'est un état entier, un état où les conflits sont surmontés, un état d'unification. Le premier dhyâna est comme cela - tout schisme est cicatrisé.
L'expérience du second dhyâna est décrite comme étant semblable à un lac alimenté par une source souterraine. Sans cesse, de l'eau fraîche et claire jaillit des profondeurs du lac.
Dans le troisième dhyâna, on est comme des lotus poussant dans l'eau, complètement baignés et imprégnés d'eau.
Et dans le quatrième dhyâna, on se sent comme celui qui, ayant pris un bain par une très chaude journée, en sort, s'enveloppe d'un drap d'un blanc pur et reste là, assis. Voilà comment on se sent lorsque l'on émerge du quatrième dhyâna ou que l'on en fait l'expérience.
Voici donc les quatre comparaisons traditionnelles qui tentent de donner une idée de l'expérience même de ces quatre dhyânas, ces états de conscience méditative supérieure.
'A method of personal development' © Sangharakshita, Windhorse Publications 1976, traduction © Dhatvisvari 2003.