Ces bodhisattva demandent alors à Vimalakirti comment le bouddha Sakyamuni, notre propre bouddha, comme nous l'appelons, enseigne-t-il le dharma dans ce monde. Vimalakirti dit :
« Voilà comment notre bouddha Sakyamuni enseigne le dharma dans ce monde :
« Ceci est l'enfer ; ceci est le monde animal ; ceci est le monde du Seigneur de la Mort. Celles-ci sont les adversités. Celles-ci sont les renaissances avec des facultés handicapées.
Ceux-ci sont les méfaits physiques, et celles-ci les rétributions des méfaits physiques.
Ceux-ci sont les méfaits verbaux, et celles-ci les rétributions des méfaits verbaux.
Ceux-ci sont les méfaits mentaux, et celles-ci les rétributions des méfaits mentaux.
Ceci est tuer, ceci est voler, ceci est la méconduite sexuelle, ceci est mentir, ceci est médire, ceci est parole dure, ceci est parole frivole, ceci est la convoitise, ceci est la méchanceté, ceci est vue fausse ; celles-ci sont leurs rétributions.
Ceci est l'avarice et ceci son effet ; ceci est l'immoralité, ceci est la haine, ceci et l'indolence et ceci le fruit de l'indolence ; ceci est la fausse sagesse et ceci le fruit de la fausse sagesse.
Celles-ci sont les transgressions des préceptes ; ceci est le vœu de libération personnelle ; ceci devrait être fait et cela ne devrait pas être fait. Ceci est correct et cela devrait être abandonné.
Ceci est un obscurcissement et cela est sans obscurcissement.
Ceci est péché et cela s'élève au-dessus du péché.
Ceci est le chemin et cela est le mauvais chemin.
Ceci est la vertu et cela est le mal.
Ceci est blâmable et cela est sans blâme.
Ceci est souillé et cela est immaculé.
Ceci est mondain et cela est transcendantal.
Ceci est composé et cela est non composé.
Ceci est passion et cela est purification.
Ceci est la vie et cela est libération. »
Ainsi, au moyen de ces diverses explications du dharma, le Bouddha entraîne l'esprit des êtres sensibles qui sont pareils à des chevaux sauvages ; tout comme des chevaux sauvages ou des éléphants sauvages ne seront pas domptés, à moins qu'un aiguillon ne les perce jusqu'à la moelle ; ainsi les êtres sensibles qui sont sauvages et durs à civiliser ne sont disciplinés qu'au moyen de discours à propos de toutes sortes de souffrances. »
Puis s'ensuivent d'autres échanges entre Vimalakirti et les bodhisattva qui sont venus de la Terre pure appelée « Doucement parfumée par tous les parfums ». Cependant, je ne vais rien dire à propos de tout cela. Il y a déjà beaucoup de choses sur lesquelles on pourrait faire des commentaires. Par exemple sur la signification de l'émanation de bodhisattva se courbant en salutations quand il arrive dans l'autre terre pure. La signification des restes du repas que l'on demande et qui sont donnés. La signification du repas lui-même. La signification de l'ambroisie ou Amrita, le nectar de l'immortalité, ce en quoi consiste la nourriture. La signification du récipient dans lequel la nourriture est contenue. Ne détectons-nous pas ici comme des échos, des reflets du Graal, par exemple ? La signification du fait que la nourriture n'est pas diminuée, bien que des millions d'êtres aient été nourris ? Etc. Etc. Mais je ne dirai rien de tout cela et me concentrerai sur un seul sujet, un sujet qui est connecté à notre thème : le mystère de la communication humaine.
Vimalakirti a demandé aux bodhisattva :
« Nobles sieurs, comment le Tathagata Sugandhakuta enseigne-il son Dharma ? »
Et les bodhisattva répondent que le Tathagata n'enseigne pas le dharma au moyen du son et du langage. Il discipline les bodhisattva uniquement au moyen de parfums. Quelle façon agréable d'être discipliné ! Le bouddha Sugandhakuta enseigne le dharma, rien de moins, au moyen de parfums. Les parfums sont ses moyens de communication, comme c'est étrange, comme c'est extraordinaire. Ainsi voilà donc notre sujet : les parfums comme moyen de communication. Cela peut peut-être éclaircir la communication en général, et je passerai alors à un passage connecté du chapitre onzième intitulé « Leçons du destructible et de l'indestructible ».
'The Inconceivable Emancipation - Themes from the Vimilakirti Nirdesa', © Sangharakshita, 1990, traduction © Centre Bouddhiste Triratna, 2002