Certains sont allés en Inde et ont visité des lieux saints bouddhistes (c'est à dire des lieux situés au nord-est de l'Inde qui sont associés à des événements importants de la vie du Bouddha).
Il y a Buddhagaya, où le Bouddha atteignit l'Eveil, Sarnath où il donna son premier enseignement, Shavasti où il passa de nombreuses saisons des pluies et donna beaucoup d'enseignement à ses disciples, et il y a Kushinagara où il décéda finalement, entre les deux arbres Sal...etc.
De nos jours ces lieux sacrés sont en cours de restauration, généralement sous les bons auspices du département archéologique du gouvernement indien. Ces lieux sont très différents l'un de l'autre, sous de multiples aspects, mais ils ont tous une chose en commun : ils comprennent tous des stupas. Un stupa est une structure en forme de dôme, souvent d'une taille énorme. Ils sont fait de briques, avec façade de pierre et ils contiennent en général une relique du Bouddha, c'est à dire un fragment minuscule d'os ou de cendre. Certains de ces stupas sont à présent dans un état de dégradation extrême. Certains ne sont plus que des tas de briques et de pierres, et beaucoup ont été pillés pour leurs matériaux depuis des siècles (au 18ème siècle par exemple des briques furent prélevées des grands stupas de Sarnath pour construire un marché couvert dans la ville de Bénarès).
Quelques stupas sont relativement peu endommagés. Certains ont même été restaurés. Mais même ceux qui ont été rénovés ont une apparence plutôt triste. Ils ne sont absolument pas décorés (cette décoration n'est pas de la responsabilité du département archéologique) et, le plus souvent, il y a peu de gens autour, la plupart étant des touristes.
Mais, il y a 1.000 ou 2.000 ans c'était tout à fait différent et si vous aviez alors visité ces lieux saints bouddhistes, vous auriez vu un tout autre spectacle: les stupas seraient intacts, complètement recouverts de dalles de pierre, sculptés pour beaucoup de façon élaborée. De plus ces stupas seraient décorés d'une multitude de drapeaux, de bannières, de toutes sortes de banderoles, certaines faites d'étoffe de valeur. Certains d'entre eux seraient fait de plaque d'or ou d'argent, tout comme on peut encore en voir au Népal, même de nos jours. Des guirlandes de perles et de fleurs leur seraient parfois accrochées et l'on pourrait voir, tout spécialement la nuit, des milliers et des milliers de minuscules lampes à huile dans toutes les petites niches. Des portiques de fleurs très parfumées auraient été dressés des quatre côtés du stupa, vers le Nord, le Sud, l'Est et l'Ouest. Mais par dessus tout, autour des stupas et dans leurs environs, il y aurait des milliers d'adeptes, tous portant des vêtements d'un blanc immaculé. On les verrait aller de ci, de là, comme c'est habituel dans ce genre de fête, ou regarder le stupa bouche bée, ou tourner autour en le gardant sur leur droite en signe de respect. On pourrait les voir tourner autour à 8 ou 10, de front, tenant dans leurs mains des plateaux avec toutes sortes d'offrandes: des fleurs, des lampes, de l'encens. Et on pourrait les entendre chanter en marchant, chanter les refuges, chanter les préceptes, chanter des vers louant le Bouddha, louant le dharma, louant la sangha, louant les grands bodhisattvas, avec, pour accompagner ces chants, le son de tambours et de toutes sortes d'instruments de musique.
Tout ceci devait être un spectacle vraiment magnifique, spécialement quand le soleil illuminait le tout, à partir d'un beau ciel bleu sans nuage, ce qui est souvent le cas. Ce genre de spectacle, de célébration, de festival pourrait-on dire... ce festival continuel autour du stupa était très populaire parmi les bouddhistes laïcs de l'Inde ancienne. On l'appelle généralement :
« l'adoration du stupa »,
mais cette expression n'est pas vraiment correcte. En fait les adeptes n'adoraient pas du tout le stupa, un bâtiment de briques et de pierres, aussi beau soit-il, ils adoraient les reliques du corps du Bouddha à l'intérieur du stupa. Ils adoraient le Bouddha. Ce genre d'adoration s'appelle :
« adoration par des choses matérielles »
et elle a des équivalents, à des degrés de splendeur plus ou moins grands dans toutes les traditions, bien sûr.
Mais une question vient à l'esprit inévitablement :
« n'y a-t-il pas une meilleure façon d'adorer le Bouddha ?»
Cette question est posée dans le chapitre 13 du Vimalakirti Nirdesa que Thurman intitule simplement, avec le chapitre 14, « épilogue ».
C'est dans la réponse à cette question que nous rencontrons ce que j'ai appelé les « Quatre grandes bases fiables ».
Avant d'aborder ce sujet, je vais préciser certains points. D'abord, je décrirai le contexte général dans lequel question et réponse prennent place, et ceci inclura un bref résumé du chapitre précédent. Puis je dirai quelques mots à propos du besoin de critère dans la vie spirituelle.
'The Inconceivable Emancipation - Themes from the Vimilakirti Nirdesa', © Sangharakshita, 1990, traduction © Centre Bouddhiste Triratna, 2002