Tout d'abord, le contexte général. Commençons avec les événements du chapitre précédent, le chapitre 12, intitulé :
« Vision de l'univers d'Abhirati et du Tathagata Aksobya ».
Cette vision est en fait l'événement principal de ce chapitre. Le chapitre commence avec un passage sur :
« Voir le Bouddha ».
Le Bouddha demande à Vimalakirti :
« Noble fils, quand il vous arrive de voir le Tathagata, comment le vois-tu ? »
Vimalakirti répond . Nous y reviendrons peut-être plus tard.
Sariputra pose alors une question. Il demande au Bouddha :
« Dans quelle terre de Bouddha Vimalakirti mourut avant de se réincarner dans cette terre de Bouddha ? »
Le Bouddha dit à Sariputra de demander à Vimalakirti lui-même, ce que fit Sariputra. Mais Vimalakirti, ce n'est peut-être pas très surprenant, n'est pas très obligeant. Il devient très métaphysique et vraiment très paradoxal. Le Bouddha vient alors à la rescousse et il dit que Vimalakirti vient de la présence du Bouddha Aksobya, dans l'univers d'Abhirati. Il est réincarné dans cet univers Saha, cet univers de souffrance et de tribulation, volontairement, c'est-à-dire non en résultat de karma passé. Il l'a fait pour purifier les êtres sensibles. Il l'a fait pour faire briller la lumière de la sagesse au milieu de l'obscurité des passions. Ayant entendu ceci, tout le monde dans la grande assemblée veut voir Abhirati. Donc, à la demande du Bouddha, Vimalakirti leur montre Abhirati au moyen de son pouvoir magique.
Le chapitre suivant aborde la question d'incarnations passées, y compris celles du Bouddha Sakyamuni lui-même. Au début du chapitre nous voyons Sakra, connu plus habituellement en tant qu'Indra, le roi des dieux, s'avancer. Il dit qu'il n'a jamais entendu auparavant un enseignement aussi merveilleux que le Vimalakirti Nirdesa et il loue longuement cet enseignement. Il promet de le protéger et ceci nous indique, bien sûr, que le sûtra approche de sa fin. Le Bouddha approuve ce que dit Indra. Il dit que l'adoration du Dharma est l'adoration des Bouddhas du passé, du présent et du futur, et il fait alors référence à l'adoration des choses matérielles. Il dit : « supposez que tout le grand univers soit plein de Bouddhas, aussi plein de Bouddhas qu'il l'est de plantes, de buissons, d'herbes et d'arbres. Et supposez que ces bouddhas passent en parinirvana, ou, en langue ordinaire, qu'ils meurent, et supposez que quelqu'un construise des stupas merveilleux pour chacun d'eux, des stupas faites entièrement de pierres précieuses, chaque stupa aussi grande qu'un monde. Et supposez que durant tout un éon (ou plus !), ils adorent tous ces stupas avec des fleurs, des parfums, de la musique, etc...comme je l'ai décrit plus tôt. Cela leur vaudrait beaucoup de mérite dit le Bouddha.
Mais supposez aussi que quelqu'un accepte, récite et comprenne profondément cette révélation du dharma appelée :
« instruction de l'émancipation inconcevable »,
et bien son mérite serait bien plus grand. Et pourquoi ? Parce que, dit le Bouddha, l'éveil des bouddhas vient du dharma, et on les honore en adorant le dharma. On adore le Bouddha en adorant le dharma. On n'adore pas le Bouddha au moyen d'adoration matérielle, d'offrandes matérielles. Non que cela soit mal, cela aide à développer les sentiments de dévotion. Mais l'adoration du dharma est infiniment mieux. On n'adore pas le Bouddha en adorant des reliques de son corps conservées dans un stupa. Les reliques ne sont pas le Bouddha. Le Bouddha ne doit pas être identifié avec ce que le Mahayana appelle son « dharmakaya ».
'The Inconceivable Emancipation - Themes from the Vimilakirti Nirdesa', © Sangharakshita, 1990, traduction © Centre Bouddhiste Triratna, 2002