Le mot « soûtra » veut simplement dire fil - spécifiquement dans le sens d'un fil qui relie. Dans un contexte spécifiquement bouddhique, les soûtras sont une classe ou un type particulier de textes canoniques, appelés ainsi parce qu'ils traitent habituellement d'un certain nombre de sujets plus ou moins reliés l'un à l'autre. Cette classe de textes est si proéminente dans le canon bouddhique que les « sûtras » sdont presque devenus synonymes de ce qu'en Occident on tend à appeler les écritures bouddhiques.
Il est cependant un peu trompeur de penser à ces textes comme à des « écritures ». Le mot « écriture » signifie littéralement quelque chose d'écrit, mais les soûtras n'étaient à l'origine pas préservés sous forme écrite. Pour autant que l'on sache, le Bouddha lui-même n'a jamais rien écrit. Alors qu'il voyageait dans les contrées du nord-est de l'Inde, rencontrant des gens et leur enseignant, il ,communiquait entièrement au moyen de la parole. Il communiquait le Dharma oralement, face-à-face, directement - autant que ces auditeurs pouvaient assimiler, autant qu'ils pouvaient supporter.
Et ceux qui était avec lui se souvenaient de ce qu'il avait dit. Parfois, cela leur faisait une énorme impression, parfois cela marquait un tournant dans leur vie, alors comment pouvaient-ils l'oublier ? C'était gravé dans leur cœur, dans leur esprit, dans tout leur être même. Et tandis qu'ils mettaient les enseignements en pratique, ils les absorbaient, devenaient un avec eux, les apprenaient par cœur. Avec le temps, les disciples du Bouddha attirèrent leurs propres disciples, et leur enseignèrent de la même façon : de bouche à oreille. Leurs disciples à leur tour continuèrent la tradition orale, et ainsi l'enseignement du Bouddha fut transmis oralement pendant plusieurs siècles en Inde, jusqu'à ce qu'ils soient finalement mis par écrit - non d'un seul coup, mais petit à petit, au fil de plusieurs siècles. C'est cette tradition orale, sous sa forme écrite, qui constitue la littérature bouddhique canonique. Certains soûtras existent toujours dans le pâli et le sanskrit originaux, dans lesquels ils ont originellement été écrits, mais d'autres ne nous sont connus que par d'anciennes traductions en tibétain ou en chinois.
Il est important de comprendre que ces « écritures » bouddhistes ne sont pas une bible dans le sens chrétien du terme. Elles ne sont pas une infaillible révélation de Dieu. Elles sont l'enregistrement par écrit, à partir d'une tradition orale, de la vie et de l'enseignement d'un être humain suprêmement et parfaitement éveillé. Un être humain qui était l'incarnation vivante de la sagesse absolue et de la compassion infinie. Donc nous pouvons maintenant voir ce qu'est un sûtra mahayana. En règle générale, un sûtra mahayana est un texte canonique dans lequel le Bouddha est représenté enseignant, directement ou indirectement, l'idéal du bodhisattva - c'est-à-dire l'idéal de l'éveil suprême et parfait pour le bénéfice de tous les êtres.
De manière générale, donc, un soûtra du Mahâyâna est un texte canonique dans lequel les Bouddha est reprérenté comme enseignant directement ou indirectement l'idéal du bodhisattva, l'idéal de l'Éveil suprême et parfait, pour le bien de tous les êtres vivants. Il existe des centaines, voir peut-être des milliers de soûtra du mahâyâna les soûtras de la Perfection de la Sagesse, qui incluent les bien connus Soûtra du cœur et Soûtra du Diamant, le Soûtra du Lotus, le Soûtra de la Lumière dorée, et bien d'autres.
The Inconceivable Emancipation - Themes from the Vimilakirti Nirdesa, © Sangharakshita, 1990, traduction © Centre bouddhiste Triratna, 2002.